La respiration

La respiration de la vie est la conscience de la vie.
Upanishads

Les mystères orphiques s’adressent à l’âme « Ô toi qui souhaite respirer une fois encore l’air céleste, je te salue ! » Comme Gurdjieff le décrit, l’air que nous respirons est l’un de nos trois types de nourriture, avec la lumière et les aliments. Sans cette nourriture, l’organisme humain cesse de fonctionner bien que le besoin de chaque nourriture varie. Il est possible de vivre sans lumière, littéralement comme la nuit ou psychologiquement en imagination. Il est possible d’avoir faim, pour des aliments physiques et des expériences qui nourrissent l’esprit et le cœur. Mais on doit respirer, il s’agit d’un cycle de trois secondes avec peu de variations. Ce rythme anonyme subtil de sa vie est tellement constant, il ne peut pas être accidentel. « Le temps est la respiration » dit Gurdjieff à ses étudiants, sans en dire plus. Mais Gurdjieff soulignait par là la signification du temps, pas son passage mais sa mesure de la conscience. « Ta respiration est une horloge sacrée », dit Hafiz, pourquoi ne pas l’utiliser pour rester en rythme avec le nom de Dieu ? »

Puisque le cycle de la respiration est mécanique et que « chaque respiration amène une nouvelle pensée », comme l’indique Rodney Collin, il est possible de se rendre compte que ce cycle répétitif donne un avantage à nos efforts. Un « moi » devient la stimulation pour la conscience plutôt que l’identification. « À l’instant où une pensée surgit dans ton esprit », dit un maître Zen, « éveille-toi juste alors ». On a découvert un but pratique pour son travail intérieur, un point de référence pour ce que l’on veut atteindre. L’éveil ne se produit pas dans un espace abstrait et sans référence physique mais littéralement en soi-même.

Avec ce but, on prend sa respiration tout en faisant un effort pour être présent. Au fur et à mesure que des « mois » apparaissent, on leur refuse calmement de les laisser interrompre la présence. La conscience grandit et les nombreux mois se retirent. On pénètre parfois dans un silence intérieur parfait. Au bout de quelques instants, la respiration est vivifiée, comme si l’on respirait pour la première fois. On est éveillé, purifié de toute pensée. De cette manière la respiration devient le rythme de ses efforts pour s’éveiller. Au lieu du passage mécanique de la respiration, cette dernière devient le point de référence temporel de la présence.

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